Vous trouverez ici des extraits du discours de Benoit Hamon à l'université de rentrée de "Un Monde d'Avance" lme 28 septembre 2013 au Vieux Boucau.
"La réalité aujourd’hui, c’est un chômage de masse ; c’est aussi la pauvreté des travailleurs ; c’est le surendettement des foyers ; ce sont des difficultés d’accès au logement. Bref, la réalité aujourd’hui, c’est que les inégalités augmentent.
Fragilisés par ce contexte social et économique, nos concitoyens ont le sentiment que l’Etat n’est plus là pour les protéger et qu’ils sont livrés à eux--‐mêmes, dans une impasse.
Ce sentiment d’abandon des citoyens est l’un des fruits des politiques libérales mises en œuvre en France et en Europe. Voilà trente ans que l’Etat est dessaisi de ses missions, soit par conviction, soit par consentement aux obligations européennes, elles-mêmes fondées sur cette croyance libérale, que l’Etat recule, qu’il protège moins, que l’on démantèle l’Etat et que la Commission européenne nous dicte comment faire.
Mais le libéralisme n’a pas seulement fait reculer l’Etat. Il a aussi fait reculer les corps intermédiaires : syndicats, mouvements laïques, mutuelles, éducation populaire, associations. Tous subissent cette désaffection du collectif.
Nous devons rassurer les Français en faisant revivre nos valeurs que sont la liberté, l’égalité, la fraternité. Ce que la gauche au pouvoir doit comprendre et affirmer, c’est que le sens de notre arrivée au gouvernement ne pourra ni ne devra s’incarner uniquement dans un bulletin de notes de la Commission européenne. Un bulletin qui aurait pour appréciation : «Elève consciencieux. A bien réduit les déficits. Mais peut mieux faire».
Nous devons faire admettre que toute dette n’est pas illégitime. La Commission européenne doit impérativement changer son mode d’évaluation des déficits. L’Union européenne a besoin d’un budget digne de ce nom : elle vient d’en adopter un qui ne permettra pas la pleine réalisation de ses ambitions. Elle a besoin d’une fiscalité harmonisée : elle encourage toujours le dumping fiscal. Elle a besoin d’une convergence sociale qui complèterait la libre circulation des personnes : cette convergence se fait mais vers le moins disant. L’Europe abîme notre modèle social et le remplace par un modèle «low -cost» dont les exemples sont nombreux. L’Europe fait du «low-cost» sur le droit du travail. Enfin, l’ultime étape des renoncements à notre modèle protecteur : l’accord de libre-échange bilatéral avec les Etats-Unis.
Ainsi, l’Union européenne qui devait nous protéger et nous rendre plus forts nous a finalement affaiblis par ce qu’elle s’est elle-même consumée sur l’autel des dogmes libéraux. Les promesses européennes ont été brisées et, au total, en produisant l’effet inverse de ce pour quoi elle avait été pensée, l’idée européenne meurt à petit feu.
Nous devons changer l’Europe. Mais nous devons aussi construire un changement durable pour la France. Pour cela, nous ne pourrons compter que sur nos forces.
La question des mots de la politique est au cœur de notre problème, car les termes fondamentaux du débat politique ne sont plus ceux du peuple : réduction des déficits ,taux de prélèvement obligatoire, coût du travail, compétitivité des économies… Ce sont les mots du pouvoir financier, pas ceux du peuple. Depuis quand ne parlons-nous plus de justice sociale, de conditions de travail, de qualité du service public, de droits sociaux, d’école laïque…? Est-ce que ces mots n’ont plus de sen s? Est-ce qu’ils ne désignent plus les conditions de l’émancipation et de l’égalité ?
Nous devons donc parler à gauche, avec des mots qui parlent au peuple, et qui permettront de restaurer la confrontation idéologique avec une droite toujours plus à droite. Mais nous devons aussi agir sur le réel.
Si on est réaliste au moment de constater que les gens sont exaspérés par la délinquance, il faut être aussi réaliste quand les mêmes disent qu’ils ne sont pas assez payés. Ce que j’attends de la gauche, c’est qu’elle porte l’ensemble de cette demande sociale. J’attends de la gauche que sa conception de l’ordre public intègre sans de faillir l’ordre public économique et l’ordre public social, et pas seulement sur l’ordre sécuritaire. La gauche ne postulera jamais l’impossibilité d’intégrer progressivement une population.
Je sais que certains militants s’interrogent sur l’action du gouvernement, sur son cap, même parfois sur ma présence en son sein. Ce qui m’anime tous les jours dans mon action ministérielle, c’est de redonner du pouvoir aux Français.
Il faut réussir. Protéger les Français. Leur redonner du pouvoir sur leurs vies. C’est ainsi que nous pourrons reprendre la marche du progrès social et du renouveau démocratique dont notre pays a besoin.
Pour le discours complet et pour plus de renseignement sur un mode d'avance : link